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    Les malheurs de Gigie -1-

     

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    Les noisettes

     

    Gigie est une petite fille espiègle, pleine de fantaisie et de joie de vivre malgré ses malheurs qui à son âge, sont multiples. Sa mère la mise en pension chez une famille d’accueil en haute Normandie.

    Ce n’est pas la première fois qu'elle échoue loin de sa mère dans une famille d’accueil, mais, pour une fois, elle se plaît bien dans cette famille ou il y a deux autres fillettes un peu plus grandes qu’elle. Gigie fait des bêtises comme tous les enfants de son âge et c’est souvent que ses bêtises se retournent contre elle.

    Oh ! Elle n’est pas seule à se faire gronder. Les deux fillettes de la ferme ne donnent pas leur part au chiens pour les bêtises ! 

    Un jour que Gigie se promenait avec Marguerite, la plus grande des fillette, Justine sa sœur, et deux autres gamines de la fermes avoisinant la famille d’accueil, Patricia et Pierrette : quatre amies ayant respectivement entre neuf, dix, onze et douze ans, plus Gigie âgée de huit ans, décident d’aller à la cueillette des noisettes. C’est la pleine saison, mais pour cela, il faut traverser deux champs : celui où broutent des vaches, et un autre champs ou le taureau est tout seul dans son coin. Il est séparé des vaches par une clôture en fils de fer barbelés pour des raisons évidentes que seuls les fermiers connaissent. 

    Les cinq fillettes ont trop envie de cueillir des noisettes pour les déguster ensuite en éclatant leur coquille entre deux pierres. Il faut de décider à traverser ces deux champs, Mais Gigie hésite un peut à suivre ses compagnes, car il faut passer entre les fils de fer barbelés des clôtures séparant ces fameux champs.

    Les quatre fillettes plus hardies qu’elle, se décident à braver les obstacles. Gigie hésite car elle ne voudrait, pour rien au monde, déchirer sa belle robe plissée écossaise que sa maman lui a envoyé de Paris.

    Elle sait que le taureau est dangereux et qu’il a l’habitude de charger tout ce qui est rouge. Justement, Gigie à une robe écossaise rouge. Ses copines l’incitent pourtant à ne pas faire cas du taureau qui est occupé à brouter.

    L’appel des noisettes à déguster fraîches étant plus fort que sa raison, la voilà qui s’engage dans le champs avec rosalie, Marguerite et les deux autres gamines des fermes voisines.

    La traversée du champs des vaches se passe très bien. Enhardies par ce premier succès, elles s’aident mutuellement à passer la clôture de barbelés où broute le taureau. Tout se passe sans problème.

    Voila les cinq fillettes sur le bord du ruisseau. Les noisetiers sont chargés de belles noisettes encore dans leur habit de feuillage gris vert. Toutes les cinq commencent à faire chacune la cueillettes des fameux fruits d’automne tant désirés. Cette envie de noisettes fraîches étant une idée tout à fait imprévue, les fillettes n’ont pas pris de panier pour les recueillir.

    Prises de court, elles ne trouvent pas autre chose que leur jupe ou leur robe pour leurs servir de réceptacle. Une fois les jupes et les robes bien remplies, les gamines pensent au retour, mais cette fois, elles sont chargées et il leurs faut faire le chemin à l’envers, ce qui n’est pas chose facile quand on a les jupes et des robes relevées jusqu’à mi-cuisses, et qui contiennent facilement un kilo, si ce n’est plus, de belle noisettes toutes fraîches. Les voilà toutes les cinq qui reviennent sur leurs pas, évitant les bouses de vaches qui se trouvent sur leur chemin. Avec le devant de leur jupe et robes pleines de noisettes, elle arrivent, tant bien que mal, à se faufiler à travers le premier champs aussi clôturé de fils barbelés.

    Elles s’aident à nouveau, mutuellement et les voilà dans le champs ou le taureau commence à s’énerver à la vue de ces cinq jeunes écervelées qui déambulent dans son près.

    Les petites ne savent plus si elles doivent rester sur place, avancer ou reculer. La plus grande, Marguerite, se décide à faire deux, trois pas, sans alarmer le taureau qui est, en apparence, calme. Voyant qu’il ne se passent rien, elle avance encore un peu plus. Justine, sa sœur, se décide à la suivre sans un mot, et les deux autres marchent dans leurs pas. Gigie, elle, n’ose toujours pas se risquer à faire comme ses amies. Tant bien que mal, et en silence, les quatre gamines arrivent à l’autre bout du près et passent les barbelés sans encombre. Elles ne s’aperçoivent pas que Gigie ne les a pas suivi. Étonnées de cette hésitation, elles se mettent à faire de grands gestes d’une mains puisque leur autre main tient le devant de leur vêtement. Gigie ne bouge toujours pas, les yeux fixés sur le moindre mouvement du taureau, elle tremble comme une feuille. Le taureau sentant son hésitation, la fixe en se mettant à beugler et à gratter du sabot. Gigie est pétrifiée, le devant de sa robe plissée pleine de noisettes commence à se faire encombrant. Ses quatre amies l’encouragent à bouger avant qu’il ne soit trop tardElles se mettent à gesticuler et à lui crier de courir avant que le taureau ne se décide à charger. Gigie fait un pas, puis deux, et la voilà qui par dans une course folle afin d’atteindre l’autre bout du près, suivit par le taureau décidé à la rattraper. Au milieu du champs, elle se décide à lâcher son précieux butin pour aller plus vite et gagner du terrain sur la bête.  Ses multiples retournements pour voir où le taureau en est de sa charge, ne lui facilite pas la tâche et la font marcher en plein dans les bouses de vaches. L'expédition est périlleuse ! Ses belles sandales sont pleines de caca de bovin et ça sent mauvais, mais elle ne pense qu'à une chose : échapper à ce monstre. Sa course folle l’amène jusqu'aux barbelés avec des sandales neuves toutes crottées. Elle plonge littéralement entre les lignes de fils de fer barbelés que les gamines avaient écarté pour lui faire un passage, et sans se poser de questions sur le taureau qui arrivait sur elle à la vitesse, lui semble t-il, d’un troupeau de mille taureaux emballés.

    Elle se retrouve de l’autre côté de la clôture après s’être emberlificotée dans ces fameux fils barbelés. Sa jupe toute neuve est déchirée. Quant à ses bras et ses jambes, ils sont égratignés de partout.

    Sa robe est en lambeau, c’est vrais ! Mais le bovin à raté son coup. Ouf ! Elle est sauvée même si ses jambes et ses bras sont recouverts d’égratignures sanguinolentes.

    En plus de la peur qu’elle à eu de se faire piétiner par l’affreuse bête, elle se retrouve sans ses précieuses noisettes, les jambes et les bras massacrés, sa robe irréparable, et ses sandales pleine de bouse. Ça ne sent pas la rose !

    En se rendant compte du désastre, Gigie se met à pleurer à chaudes larmes. Il va falloir aller se montrer à la fermière et au fermier à la grosse voix qui lui fait peur. Pour la consoler un peu et se donner du courage, les quatre autres fillettes décident de partager les noisettes en part égales, mais Gigie pleure toujours à la pensée de se faire disputer et punir par les fermiers. Les quatre gamines, d’un seul cœur, se proposent d’aller expliquer l’affaire à la fermière, et de faire bloc afin d’éviter une grosse punissions collective.

    En voyant arriver le petit groupe, la fermière effarée, leurs demande ce qu’il s’est passé pour que Gigie soit dans un tel état. En entendant le récit des deux fameux champs à traverser, de faire le plein de noisettes en se servant de leur jupe et de leur robe et ensuite, refaire le chemin en sens inverse en repassant par l’enclot où le taureau commençait à donner des signes d’impatience en les voyant retraverser traverser son près, et ce qui leurs était arrivé à cause de lui, la fermière éclata de rire devant l’air penaud de Gigie. Interloquées, les fillettes la regardèrent, et essayèrent de comprendre la raison de son hilarité.

    Elle leur expliqua que ce n’était pas la faute de la robe écossaise rouge qui avait mit le taureau en colère, mais le bruit qu’elles avaient fait de l’autre côté de son près en interpellant Gigie. Il ne fallait pas gesticuler, ni crier à Gigie de courir et de se dépêcher pour retraverser l’enclot qui est son domaine.

    C’est cela qui l’a mis en colère. Les taureaux n’aiment pas qu’on envahisse leur territoire. Ne recommencez plus mes enfants, sous peine d’être piétinés la prochaine fois !

    Après avoir comprit qu’il ne fallait plus aller du côté de ce champs à cause du fameux gros taureau, les fillettes promirent de ne plus s’y risquer, même pour cueillir des noisettes.

    Après tout, des noisettes, il y en avait partout ailleurs ! Les filles des fermiers voisins dirent au revoir à la fermière, et retournèrent dans leurs familles respectives, tandis que Gigie qui pleurait toujours, dû, tant bien que mal, supporter les soins de la fermière à coups d’alcool à quatre vingt dix et de mercure au chrome pour sécher les plaies.

    Marguerite et Justine n’en menaient pas large parce qu’elle avaient entraîné, avec leurs deux autres camarades, Gigie. L’odeur des bouses de vaches embaumaient encore la salle de ferme, et la fermière dû les nettoyer dans la cour. Le soir, au retour du champs, le fermier rit de bon cœur en entendant le récit de ce qui était arrivé aux enfants.

    La leçon leurs a bien servit. Gigie n’est jamais plus retournée dans le près du taureau ; mais avec ses petites camarades,  elle ne s’est pas gênée d’aller devant la clôture de son près le narguer, maintenant qu’elles ne craignaient plus rien. Ah ! Il trépignait et beuglait le bougre en les voyant se trémousser, chanter et faire les belles devant lui ! Les fillettes ne se privaient pas de l’embêter. Quand enfin le taureau arrivait bien trop près de la clôture au fils barbelés, elles se sauvaient en courant et en riant à plein poumons. Les barbelés faisaient bien leur office ! Ce que ne savaient pas les imprudentes, c'est qu’il aurait très bien pu sauter cette clôture s’il l’avait voulu...

    Gigie se souvient encore de ce taureau comme si c’était hier. Elle se souvient aussi, non sans nostalgie, des noisettes, des près à traverser pour les cueillir, et du taureau qui l'avait coursé : ce qui lui permet, aujourd’hui, de vous raconter ce souvenir qu’elle ne pourra jamais oublier.

     

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    N. GHIS. 29 Novembre 2016 

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    l’abricotier et le poulailler

     


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