• La mise à mort du cochon -5-

    Les malheurs de Gigi. 

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    La mise à mort du cochon

     

    En Normandie, tous les ans et même plusieurs fois dans l'année, lorsqu'un cochon était bien gras et qu'il fallait reconstituer les stocks de viande, on mettait à mort un gros porc bien dodu afin d'avoir de la bonne viande à disposition toute l'année en plus des œufs avec lesquels on faisait des tas de chose comme les bons gâteaux. La ferme n'était pas en peine de nourriture! Il y avait des poulets, des lapins, des canards qui de temps à autre, chacun leur tour, passaient à la casserole. 

    Et  oui! La fermière faisait aussi du bon beurre à la baratte après avoir retirer le petit lait avec lequel elle faisait du fromage blanc à la faisselle. 

    Gigie se régalait aussi du bon lait qui sortait tiède du pie de la vache tous les matins. Avec son grand bol de lait, Gigi mangeait deux grandes tartines de pain de campagne avec du bon beurre provenant de ce même lait fabriqué à la baratte.

    Le bon camembert de Normandie n'était pas fait de la même manière. Une fois le bon lait caillé, on le mettait dans récipients ronds, et on le laissait s'affiner. Gigi n'avait pas le droit d'aller voir comment le fromage se faisait. Elle avait juste le droit d'en manger lorsque celui-ci était à point.

    Pour en revenir au cochon, lorsque arrivait le moment fatidique de sa mise à mort, la pauvre bête était mis dans une porcherie fermée au jour, justement réservée à cet effet: Le noir affaiblissait l'agressivité du porc et c'était indispensable et nécessaire pendant une semaine au moins, afin de déshabituer l’animal de la lumière du jour : ainsi, il était plus facile de l’attraper, le manipuler pour l'extirper de la porcherie. Les fermiers n'étaient pas trop de cinq pour sortir le cochon éblouit. Ils s’employaient à museler l'animal avec une sorte de tresse très solide qu'on lui passait dans la gueule, et qui permettait de tenir sa tête pendant l'opération. Cinq à six personnes n'étaient pas de trop pour immobiliser l'animal qui hurlait, beuglait à plein poumons, sachant sans doute, ce qui l'attendait.

    Le travail ne faisait que commencer et c'était le plus facile! La veille, le fermier et la fermière avaient mis en place une échelle en équilibre entre deux grosses bottes de foin avec, en dessous, une espèce de gros seau en bois de chêne réservé à cet effet afin de récupérer le sang lorsque le cochon serait égorgé. 

    C’était pour Gigi ce qu’il y avait de plus dur que de voir souffrir la bête. Pour les paysans Normands, tuer le cochon était un rituel très important qui amenait du monde pour aider, et ça se faisait avec un très long et gros couteau très effilé que le fermier avait déjà montrer à Gigi.

    Tuer le cochon était une fête très appréciée des fermiers alentour et pour cette cérémonie, les hommes et les femmes n'étaient pas moins d'une quinzaine. Les femme s'affairaient autour du grand feu; n'omettant pas de recharger celui-ci en bûches. Le grand baquet d'au moins deux mètres de circonférence, remplit d'eau au trois quart, reposait depuis le matin à l'aube, bien calé sur des grosses pierres et chauffant sans interruption. Il fallait bien cela pour réussir ce fameux cochon !

    Définitivement saigné et son sang récupérer dans le grand récipient en dessous de l'échelle, on remuait avec la main et toutes les impuretés s'agglutinaient, constituant une véritable éponge que l'on pouvait retirer. Le sang était ensuite filtré dans une passoire garnie d'un linge blanc bien propre et mis de côté. Un peu plus tard dans la journée, il servirait à préparer le boudin.

    Une fois toutes ces opérations faites dans l’ordre, le cochon était alors ébouillanté, dans de l'eau à 85-90°... peut-être plus de 100° dans le grand baquet, afin d'enlever le plus gros des poils et l'on terminait l'opération avec un racloir : outil constitué d'une vieille lame de faux. Les sabots étaient enlever facilement et soigneusement curés.

    L'étape suivante consistait à ouvrir la bête et à enlever boyaux, poumons et foie. Les boyaux étaient raclés, nettoyés et mis de côté dans un panier en osier. Les poumons et le foie étaient suspendus un moment pour qu'ils puissent s'égoutter. On disposait la tête et divers abattis dans un grand chaudron rempli d'eau et on laissait cuire pendant 1 h 30 à 2 h. Les femmes coupaient alors la viande en petits morceaux, la mélangeaient avec le sang et en emplissaient les boyaux qu'elles mettaient à cuire dans la même eau, pendant une heure supplémentaire. Une fois le cochon enlevé de toutes ses impuretés, on se mettait à plusieurs pour l'enlever de la cuve sans se brûler, et la bête se retrouvait pendue la tête en bas pour terminer de la laver et de la préparer pour la suite. Ainsi se terminait la première journée ; on goûtait le boudin, arrosé de vin de pays et de gnôle et on jouait à la manille jusqu'à deux heures du matin. Ainsi se terminait la première journée ; on goûtait le boudin, arrosé de vin de pays et de gnôle et on jouait à la manille jusqu'à deux heures du matin.

    Le deuxième jour débutait par le traditionnel casse croûte où tout le monde était convié. Puis, on commençait à découper le cochon : jambons, poitrine, lard, La viande rouge et le foie qui allaient servir à la confection de la saucisse, ainsi que la viande blanche pour le saucisson, étaient choisis à ce moment-là. Les hommes adoraient la tête de cochon et les tripes confectionnés par les femmes qui étaient chargées découper les meilleurs morceaux et les assaisonner avant de mettre tout ce mélange que l'on salait, avant de mettre le tout dans des pots en terre afin de conserver la viande pour plus tard.  On n'oubliait pas de faire cuire sur le grille ce qui avait été préparé pour l'occasion. Il ne restait plus qu'à goûter afin de vérifier les proportions, à la plus grande joie des enfants qui savaient être là au bon moment!

    Les boudins étaient fait avec le sang cuisiné et les véritables boyaux du cochon après avoir été pendus dans une pièce fraîche où on les remplissait à l'aide d'une machine à mains dont l'orifice de sortie avait exactement la grosseur d'un boudin à l'oignon. Chaque longueur de boudin estimée nécessaire pour confectionner un chapelet, se retrouvait tortillée avant d'être enroulées sur elle même en une sorte de tour à boudin.

    Une fois cuits, les saucissons étaient suspendus dans la cuisine près de l'âtre, pour qu'ils sèchent plus rapidement. Les premiers saucissons étaient traditionnellement consommés à Pâques. Quant à la saucisse, on la mangeait plus rapidement, dès qu'elle était suffisamment sèche.

    Du cochon, rien ne se perdait! Les os étaient consommés immédiatement en coustillous accompagnés de fayots, ou bien mis au sel pendant 8 à 15 jours pour accommoder de succulentes soupes aux choux. Un repas traditionnel aux fayots se tenait le soir du deuxième jour. Il marquait la clôture de cette fête improvisée. Certains venaient de loin pour y participer.

    Gigi garde le souvenir d'une ambiance extraordinaire, souvent largement encouragée par le vin et la gnôle locale. Les repas se terminaient par la dégustation des oreillettes, sortes de pâtes, entre beignets et crêpes, que l'on cuisait dans la graisse du cochon.

    Seules les femmes participaient à la troisième journée. Elles terminaient le travail en accommodant les fritons et les derniers restes. Alors, chacun rentrait chez soi, en attendant le prochain cochon que l'on tuait souvent quelques jours plus tard chez un ami ou un proche voisin.

    Peu de familles perpétuent encore aujourd'hui la " cérémonie " du cochon, comme on la nomme encore dans certaines régions. En tout cas, Gigi en à gardé un souvenir impérissable de ces grandes fêtes qui rythmaient la vie des hommes, des femmes et celle de leur terre.

    N. GHIS.

     

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    « La balançoire -4-Joyeuses Pâques ! »

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  • Commentaires

    1
    Lundi 27 Mars 2017 à 13:00

    Hello Ghislaine

    J'aime bien faire le petit cochon de temps en temps mais je ne voudrais pas finir comme celui-là, hihihi

    Amitiés

    Jo

      • Lundi 27 Mars 2017 à 13:13

        OH! NON! Toi, tu ne peux pas finir comme lui!

        Fais attention, quand même, de ne pas faire ta tête de cochon!

        On ne sait jamais! hi!hi!hi! Bises, amitié, Ghis.

    2
    Mardi 28 Mars 2017 à 11:21

    Oh la la Ghislaine je crois que j'aurai ouvert la porte au cochon pour qu'il s'enfuit bien loin ...

    Mon père allait à la chasse    et lorsqu'il ramenait un lièvre ou un perdreau et bien je pleurais et je refusais d'en manger mais c'était exceptionnel , il revenait souvent sans rien du tout hihihi 

    Gros bisous 

    Nicole

     

     

      • Mardi 28 Mars 2017 à 11:34

        Ba! J'étais petite (dans les 7/8 ans) et très consciente de ce que cette coutume avait de barbare;  mais je ne pouvais pas, moi toute seule, interdire cette pratique ancestrale, sachant que je me ferais punir à coup sûr !  Et puis, la porte était au niveau de sa fermeture, trop haute pour moi et difficile à actionner. Mais je t'avoue que n'aimais pas entendre le cochon hurler et agoniser, sans compter les soubresauts de son corps pendant qu'il se vidait de son sang. Une fois qu'il étais exsangue, le reste comme le bain forcé à presque 100° n'était pas mieux comme spectacle ! Mais tous les enfants des fermes avoisinantes étaient là et je devais au moins regarder pour ne pas que l'on se moque de moi. C'était là le hic! Cette histoire m'en rappelle une autre que je raconterais bientôt : C'est l'histoire de trois pattes. Mais je te laisse imaginer ce qu'il a bien put lui arriver à ce trois pattes... LOL !

        Bisous et une très bonne journée à toi chère Nicole!

    3
    Mardi 28 Mars 2017 à 16:53

    Hello Ghislaine

    On ne peut pas casser trois pattes à un canard voyons, il faut laisser ces pauvres volatiles tranquilles, ce sont mes cousins

    WOUARFFF, gros rire du condor qui se roule parterre.

    Amitiés

    Jo

     

      • Mardi 28 Mars 2017 à 18:10

        HÉ! Mais ce n'est pas un canard bien que l'on aurait du mal, en effet à lui casser la troisième patte!... Essais de deviner ce que c'est? hi!hi!hi! Et puis, en parlant de trois pattes, dans ce cas-ci, j'aurais dis une patte pour tous les volatiles y comprit toi! HÉ! Quoi que, pour toi, Jo le condor, ce serait en étant un peu grivoise et coquine, bien trois pattes en comptant celle que l'on ne voit pas! Renseigne-moi! Tu fais bien partie virtuellement des volatiles? Malgré tout, conforte-moi dans mon hypothèse! Tu es une exception, il me semble! Tu es un volatile à trois papattes... Virtuellement : un volatile par ton pseudo, et pour le reste... Stoppons là, les grivoiseries. hi!hi!hi! Je t'ai eu! hou!hou!hou!

    4
    Mercredi 29 Mars 2017 à 20:27

    Bonsoir

     J'ai vu que tu étais passée sur mon blog aussi je viens te faire un p'tit coucou

    Dire qu'on mange pas mal de cochon de nos jours mais on ne connait pas ce qu'ils endurent

     Bonne soirée

     Bises du Nord

      • Mercredi 29 Mars 2017 à 22:24

        C'est pour cette raison que j'ai posté cette historiette et en plus, c'est du vécu ! (rire)

        Gigie : c'est moi hi!hi!hi! Bonne nuit à toi! 

    5
    Mercredi 29 Mars 2017 à 20:41

    Hello Ghislaine

    Oui, je suis bien un volatile, mais un volatile mâle, hihihi

    avec tous ses attributs. Si tu voulais me faire rougir c'est raté, j'ai passé l'âge, hihihi  et je suis parfois même un peu grivois dans mes romans,hihihi

    Mais je sais y mettre la forme sans aucune vulgarité, c'est ma particularité, hihihi

    Parler de tout mais en y mettant la forme. Le sexe est le ciment de l'amour sans ce ciment l'amour s’effrite rapidement. c'est un des thèmes de mon roman, hihihi

    J'ai bien travaillé le sujet,hihihi

    Amitiés d'un oiseau farceur

    Jo

     

     

     

      • Mercredi 29 Mars 2017 à 22:21

        Crotte sur Alors! Je croyais t'avoir coincé: j'en suis pour mes frais. LOL : Mais tu sais toujours pas quel est l'animal à trois pattes... hi!hi!hi!

    6
    Mercredi 29 Mars 2017 à 22:27

    coucou 

    l'animal a 3 pattes c'est l'homme avec une canne hihihi 

    c'est idiot ...je sors !! mdr 

    Bisous Ghislaine 

    Nicole

      • Mercredi 29 Mars 2017 à 22:50

        NON ! Tu as raison dans un sens ! J'ai voulu coincer Jo, mais c'est lui qui m'as eu encore une fois ! Crotte zut alors ! L'homme à effectivement trois pattes dont une qui est bien cachée et pas pour le même usage ! (rire) Mais là, c'est un autre genre d'animal et si je te disait ce que l'on dit de lui, au niveau des attribut mâle, tu trouverais tout de suite ! hi!hi!hi!

        Jo ! Cherche aussi ! Je suis sûr que  Nicole et toi, vous allez trouver en cherchant un peu. Allez, bonne nuit mes amis. La nuit porte conseil (MDR) 

    7
    Dimanche 2 Avril 2017 à 12:26

    Coucou ma Ghis. Le pauvre cochon...lol... Les hommes sont barbares tout de même. Comme tu embellis tes blogs avec toutes ces belles images dans tes menus. Je t'envoie de gros bisous ♥ A bientôt...Kannelia.

      • Dimanche 2 Avril 2017 à 17:05

        Et oui, ma chère kannelia ! Je ne peux faire autrement puisque je ne sais pas faire de blog et pour ne pas lasser mes visiteurs, je mets ma petite touche personnelle de cette manière. je n'oublie pas que tu m'as aidé pour mes petits porte plumes afin de les poser. Un grand merci pour ta gentillesse! Amitié, toujours, Ghislaine.

    8
    Dimanche 2 Avril 2017 à 18:48

    Bonsoir chère Ghislaine je te souhaite un bon début de semaine...gros bisous...Pascal

    9
    Dimanche 4 Juin 2017 à 15:15

    Bonjour Ghis

    Tu en connais un bout en matière de cochon !

    happyhappyhappymoney

    Bonne soirée

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      Commentaire :


    10
    Dimanche 4 Juin 2017 à 17:34

    Hé ! Lorsque l'on vit petite à la campagne, en Normandie, on est témoins de beaucoup de choses! LOL ! Amitié, Ghis.

    11
    Mercredi 14 Juin 2017 à 21:04

    Bonsoir Ghislaine

    ... Moi je n'y connais rien en cochon...

    Amitié

    Pierre

      • Mercredi 14 Juin 2017 à 22:48

        C'est parce que comme je l’explique, j'étais dans une famille d'accueil, élevée dans une ferme, en Normandie et j'avais environs huit ans. C'est dans cette ferme que j'ai vu faire les fermiers tuer les poulets, les lapins etc.

        J'ai vécu un certain temps à la campagne et je suis heureuse d'avoir profité du bon air. A part que lorsque les fermiers tuaient les cochons, ça ne me plaisait pas . Mais les enfants d'aujourd'hui ne savent plus ce que c'est qu'un cochon à part en image et en côtes de porc dans les supers marcher. Mais ce n'est pas les même cochons que ceux élevés en pleine campagne, en liberté, et bien nourrit. Les vaches aussi étaient bien grâces et leur lait était bon ainsi que le beurre à la baratte. C'est comme les poissons panés  et tout ce qui est industrialisé   ! Bonsoir cher Pierre.  Passe une bonne nuit ! Ghis.

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