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Par La plume de N. Ghis. le 20 Août 2016 à 14:09
Ce n'est pas le cagibi de l'histoire:
Il est juste là pour vous donner une idée de ce que peut être un cagibi
dans les anciens immeubles de Paris.
Son cagibi sous les escaliers
Dans les années Cinquante, soixante, les gardiens d'immeubles se définissaient par un autre nom moins pompeux qui fut longtemps employé: ces gardiens étaient couramment appelés «des concierges». Donc la jeune femme était concierge au 57 Rue du faubourg-Saint-Denis: dans le 10 ème arrondissement de Paris. Elle avait fui son mari très violent sous l'empire de l'alcool; mais rien ne lui garantissait qu'il ne les chercha pas encore dans tout Paris et qu'il n'avait pas été se plaindre auprès des gendarmes? Elle savait qu'il aimait sa fille et que jamais, s'il avait su son projet à temps, il les aurait laissé partir sans empêcher sa femme de fuir avec la petite. Ce ne se serait pas passée sans qu'il y ait un drame! Ayant réussit son coup en prenant d'énormes précautions pour ne pas se faire repérer et en faisant bien attention de ne pas être suivit, elle avait trouvé refuge dans un de ces hôtel miteux ou l'on ne demande pas ou presque pas de papier et ou l'on ne s'intéresse guère à la vie d'autrui: C'était une chance pour elle qui s'était bien gardé de révéler qu'elle était avec une enfant de 9 ans. Une fois les formalités remplies, elle avait prit soins de faire entrer la fillette par une entrée dérobée, non sans avoir prit le temps de se restaurer, elle et la petite, dans un troquet du coin. Le matin, elle avait repris son travail comme-ci de rien n'était, en ayant pris soin d'acheter des croissants et des pains au chocolat pour quand sa fille se réveillerait. Comme convenu, elle avait donné la clef de la chambre aux filles de joie qui s'occupaient d'Elisabeth entre deux passes. Elles avaient pour consigne de lui donner à manger, de lui procurer des revues pour enfants, et de faire attention qu'aucun homme ne vienne se renseigner sur elle et sur sa gamine. Les prostituées s'étaient prises de sympathie pour la mère et la petite qui n'était pas difficile à vivre: elles lui apportaient des bombons, s'assuraient que la petite Elisabeth avait mangé à sa faim et lui avaient même apporté un tourne disque avec des 45 tours pour la distraire en lui recommandant de ne pas le mettre trop fort pour ne pas donner la puce à l'oreille au propriétaire; mais prenaient garde que la porte de la chambre louée au mois soit bien fermée. Personne ne devait savoir, en dehors d'elles et de sa maman, qu'il y avait une petite fille dans cette chambre: Pour l'école, il n'en était pas question tant qu'elle n'aurait pas une adresse fixe. Elisabeth restait donc cloîtrée des journées entières et ne sortait que le soir pour aller se restaurer avec sa mère dans un petit restaurant du coin pas trop cher, mais quand même assez éloigné de l'hôtel ou elles résidaient momentanément.
Pour en revenir à notre histoire, Geneviève, forte d'avoir enfin trouvé cette loge de conciergerie pour elle et sa fille, remercia ses sœurs de galère et plia vite bagage sans qu'il ne se soit rien passé de fâcheux: aucun suivit de la part de la police ni même de son mari.
Après avoir démissionné du salon ou elle travaillait depuis un bon bout de temps, elle et la petite Elisabeth emménagèrent dans cette loge bien suffisante pour elle deux. La loge, au paravent tenue par un vieux monsieur qui était décédé, n'avait pas beaucoup de meubles et le peut qui pouvait encore servir était en bien mauvais état. Ce n'était pas possible de les garder! Et puis, il n'y avait pas de lit pour Elisabeth et le lit d'une place qui était plutôt un lit pliant qu'un vrai lit, semblait miteux dans tout les sens du terme. Il fallait qu'elle trouve une solution et tout de suite. Elle avait remarqué le marchant de meuble mitoyen avec le marchant de literie: tous les deux attenant par l'arrière boutique, à l'arrière cour de la loge de conciergerie.
Pour en revenir à l'histoire qui nous occupe, il y avait: mitoyen à la boulangerie, un marchant de papier peint qui faisait aussi marchant de couleur sur le côté gauche de la cour et, sur l'autre côté, un marchant de meuble mitoyen au marchant de literie. Les commerçants avaient, avec complaisance, fait crédit à la jeune femme qui venait de s'installer avec sa petite fille. Tous les meubles et literie dont elles avaient besoin afin de vivre décemment, avaient été livrés montés placés à l'endroit désigné par la jeune femme. Elle les avait obtenu par ces gens charmants qui avaient tous mi la main à la patte, si l'on puis dire. Enfin dans des meubles décent, des literies neuves, et de la vaisselle convenable obtenue aussi à crédit, et qui avait été mise à la disposition de Geneviève par ce couple sympathique de quincailliers! Geneviève exultait et se voyait repartie sur des bonnes bases, loin de son ivrogne de mari, de d'une mère tyrannique, d'un père passif, et d'un beau père pire que son mari! Elle prit le temps de s'installer avec goût, et rangea sa vaisselle toute neuve dans son buffet tout neuf, lui aussi. La conciergerie comprenait une salle principale ou le tableau électrique qui commandait tout ce dont elle était responsable se trouvait. La conciergerie comprenait une alcôve ou elle avait choisi d'y mettre son lit de deux places pour être à son aise. Sur le côté de l'alcôve, il y avait une sorte de petite pièce assez grande pour servir de cuisine et ou elle y avait placé le buffet que le marchand de meuble lui avait livré. La table de la salle à manger avec ses quatre chaises se trouvait dans la pièce principale, pas loin de la porte de la conciergerie et en face du tableau électrique. Il avait fallu trouver une place pour le lit d'Elisabeth? Il n'y avait qu'une solution: un lit secrétaire qui s'ouvrait au moment de se coucher. C'était très bien car la place, une fois la grande table de la sale à manger et les chaises en place, ne pouvait plus que contenir ce meuble. Tout avait été organisé par les locataires complaisants qui, la sachant veuve avec une petite fille, étaient venus de leur plein grès, aider en même temps que les commerçants, Geneviève. Satisfaite de ce retour de situation, jubilait. la jeune femme se sentait bien et sa petit Elisabeth était ravit de son beau lit secrétaire. Geneviève se sentait à l'abri. De cette façon, elle pouvait garder sa fille, s'occuper d'elle à temps plein quand il n'y avait pas d'école. Les établissements scolaires étaient moins regardants en ces années d'après guerre et Geneviève avait pu inscrite sa fille sans problème, mentionnant son veuvage récent.
N.GHIS.
Texte revisité et complété le 19 août 2016
L'histoire est longue: Je l'ai relu plusieurs fois
et si vous trouvez quelques fautes de frappe ou d'étourderie,
ne m'en tenez pas rigueur: les coquilles sont bien involontaires de ma part,
Aucun comité de lecture n'est venu pour me lire.
Soyez indulgents pour les fautes oubliées ici et là. Merci à vous.
4 commentaires -
Par La plume de N. Ghis. le 20 Août 2016 à 14:08
Ce n'est pas le cagibi de l'histoire:
Il est juste là pour vous donner une idée de ce que peut être un cagibi
dans les anciens immeubles de Paris.
Son cagibi sous les escaliers
La conciergerie ou elles avaient toutes deux élu domicile, se trouvait très éloigné et à l'opposé du quartier Mirabeau qui ne lui faisait plus peur car Ivry-sur-Seine était la banlieue Parisienne. Cette conciergerie comprenait «le Central Sporting Club» qui était une salle de boxe très renommée parce que les plus grands boxeurs de l'époque, dont Marcel Cerdan, s'y était entraîné et produit bien avant la naissance d'Elisabeth. La jeune femme devait y faire le ménage en plus de celui de l'immeuble, distribuer le courrier, sortir tous les jours les poubelles, s'occuper de la loge, remplacer les ampoules usées des coursives et paliers de l'immeuble qui était assez grands, surveiller les minuteries qui devaient passées en alternatif à partir de vingt deux heures. Pour les locataires retardataires, et bien tant pis pour eux! Le règlement était très stricte sur les horaires. Tout était pour le mieux et toutes deux s'habituaient doucement à ce rythme de vie. Les locataires étaient correctes et avaient prit la jeune gardienne en sympathie. Quant à Elisabeth qui était une petite fille futée et et pleine de malice, elle avait su se faire apprécier par les adultes qui gravitaient autour d'elle. Elisabeth s'entendait mieux avec les adultes qu'avec les enfants de son âge. Elle s'intéressait à tout et connaissais très bien le reporter photographe qui couvrait les événement sportifs de cette salle mythique. Il s'appelait Monsieur Grégoire. Lorsqu'il y avait des matchs, la salle était toujours pleine et bien que n'en ayant pas le droit, la petite fille se glissait souvent parmi les spectateurs pour voir ce qu'il s'y passait. Elle s'introduisait aussi illégalement dans la salle de sport quand il y avait entraînement.
Cette partie de son enfance était, pour elle, idyllique, et elle se prenait à rêver qu'elle pourrait bientôt accéder à un genre de petit placard qu'elle avait repéré et dont elle voulait faire son petit bureau. En effet, dans le couloir qui menait aux escaliers de l'immeuble, se trouvait un cagibi inoccupé et, plus loin, le Central. Ce cagibi qui ne servait à personne, elle le voulais pour en faire son bureau car l'idée d'écrire lui taraudait s'imposait de plus en plus à son esprit.
Avec son idée en tête, Elisabeth entreprit de demander à sa mère la clef de ce cagibi qu'elle avait repéré. Celle-ci la questionna:
- « Pourquoi est-ce que tu veux cette clef? Et la petite fille de répondre:
- « Pour avoir mon petit coin à moi ou je pourrais faire mes devoirs tranquillement. Elle attendit fébrile, la réponse de sa mère, l'observant en train de réfléchir sur la nécessité de lui faire don de ce cagibi. Enfin sa mère ouvrit la bouche:
- « Il me ferait un bon débarras! Lui dit-elle en regardant d'un air amusée la drôle de frimousse d'Elisabeth s'assombrir de dépit. - « Et puis, tes devoir et tes leçons: tu les fais déjà sur la table de la salle à manger!
Sans se démonter, la petite fille rétorqua:
- « Maman! S'il te plaît! Tu ne t'en sers pas, toi! Tu veux bien? Dis! Aller! Dis oui?...
- « Il faut que je réfléchisse. Je te rendrais la réponse cet après-midi.
Après l'avoir fait piétiner d'impatience toute la matinée, ce qui paru interminables à la gamine, sa mère se décida enfin à lui donner la précieuse clef, et elles allèrent toutes les deux inspecter le fameux cagibi pour voir s'il fallait le débarrasser de vieilles choses et le mettre en état. Elles ouvrirent la porte qui résista bien un peu n'ayant pas été ouverte depuis longtemps. Les toiles d'araignées, et la poussière, régnaient en maître dans ce recoin abandonné; mais, tout à sa joie d'enfant, Elisabeth sautais de joie, et riais de plaisir, faisant toutes les promesses du monde à sa mère pour qu'elle ne revienne pas sur sa décision. Devant tant d’enthousiasme et après maintes recommandations, La mère et la fille se mirent toutes deux à l'ouvrage pour nettoyer de fond en comble le fameux cagibi, et le rendre présentable.
Elle avait des ailes la petite fille! Geneviève lui donna une ampoule neuve pour remplacer la vieille qui ne fonctionnait plus. Elisabeth avait des idées bien arrêtées; mais elle fut prise au dépourvu quand sa mère lança:
- « Tu as maintenant la clef. Débrouilles-toi puisque le cagibi est à toi maintenant! Prends en bien soin car ce n'est pas moi qui ferais le ménage s'il est en désordre et sale! Elisabeth assura à sa mère que c'est elle qui s'occuperait de son bureau et qu'elle n'aurait aucun reproche à lui faire concernant la propreté de son petit coin de paradis. Ceci dit, toute fière, Elisabeth se hissa sur la chaise que sa mère avait amené de la loge. Geneviève prit soins de tenir la dite chaise par précaution afin que Elisabeth ne puisse pas tomber et se faire mal. La petite fille s'appliqua à changer la vieille ampoule contre la neuve toute seule, comme une grande, en faisant attention de ne pas perdre l'équilibre. Le cœur débordant d'enthousiasme, elle descendit de la chaise où elle était perchée. Elle ne cacha pas son émerveillement de voir son cagibi tout à l'heure si sombre, à présent bien éclairé. Geneviève alla chercher un tourne vis pour revisser l'interrupteur afin qu'il ne soit pas dangereux. Elisabeth avait ce regard émerveillé, qu'ont les petites filles qui viennent d'e recevoir un beau jouet en cadeau. Contemplant les contours de cette petite pièce aux murs de plâtre gris blanc, lézardés par le temps, qui s'offraient à sa vue, Elisabeth n'en revenait pas qu'une simple ampoule puisse accomplir ce petit miracle.
Ce cagibi bien caché sous l'escalier de l'immeuble devenait son petit royaume. Sa porte en interdisait l'entrée à quiconque n'en possédait pas la clef. Ce petit débarras, était devenu son petit coin bien à elle.
Parmi les commerçant du quartier, il y avait aussi une boulangerie pâtisserie qui donnait, par l'entrée du fournil, juste dans l'arrière cour de la conciergerie, et ou la petite Elisabeth était souvent fourrée. Les odeurs de pain frais et croustillant à souhait lui chatouillaient les narines et l'amenaient irrémédiablement à descendre les quelques marches du fournil pour se retrouver en pleine fabrication du pain ou de gâteaux. Au fur et à mesure que le temps s'écoulait dans la paix, La fabrication des gâteaux, des croissants, des brioches , du pain de mie et du pain de campagne ne lui était pas inconnus du tout! De plus, à neuf ans, on est curieuse et gourmande! Inutile de vous dire ce qu'elle ingurgitait comme gâteaux et croissants dès qu'elle en avait l'occasion! Tous les jours, Geneviève et sa petite fille avait du pain frais gratuit car le boulanger et sa femme avait pris la petite Elisabeth en affection comme ci j'étais leur propre enfant: ils n'en avaient pas, ce qui arrangeait bien la jeune gardienne de l'immeuble. La petite Elisabeth et sa mère était très gâtées avec ces sympathiques boulangers.
Il arrivait encore à Geneviève de se remémorer cette fuite mémorable avec sa fille. Elle avaient tout laissé ne voulant pas se faire prendre en déménageant quoi que ce soit, consciente des commérages de son ancien quartier qui allaient bon trains sur leur compte v que son mari rentrait toujours pratiquement saoul et que les bagarres du couple ne passaient pas inaperçues. Geneviève ne supportant plus les commérages des commères du quartier, il fallait qu'elle ait le courage de partir pour elle-même et pour Elisabeth qui avait peur de son père.
Dans sa nouvelle vie, Geneviève était à l'aise financièrement. Elle payait les traites de ses achats correctement aux trois magasins qui lui avaient rendu service. Comme elle recevait souvent de bons pourboires, il lui arrivait de s’acquitter d'une de ses traites en plein milieu d'une mensualité. De cette façon, elle avait plus que deux magasins à honorer en fin de mois et retombait toujours sur ses pieds. En fin d'année, les étrennes étaient conséquentes, ce qui lui faisait un bon petit pécule qu'elle mettait de côté pour les jours à venir ne sachant pas ce pouvait lui tomber dessus. Les locataires lui laissaient souvent de bons pourboires pour multiples services rendus comme arroser les plantes lors de vacances ou d'absences prolongées. Le travail était dur; mais Geneviève s'en sortait bien. Comme elle gagnait pas mal sa vie tout en ayant un œil sur sa fille, les choses allaient pour le mieux, car les avantages n'étaient pas à négliger: la jeune femme ne payait pas de loyer: ce qui se faisait en ces temps-là. Elle ne payait pas l'eau et l'électricité ainsi que le charbon pour se chauffer. C'était les avantages en nature dont un gardien d'immeuble pouvait profiter en plus de son salaire. La jeune gardienne faisait bien son travail et n'avait à sa charge que de s'occuper de sa fille et d'elle-même. En somme, tout roulait comme elle voulait: tous les résidents du 57 rue du faubourg Saint-Denis étaient en bon terme avec elle, ce qu'elle appréciait particulièrement, et la vie de la petite Elisabeth avait trouvé une sérénité pratiquement normale après des années de tourmente au côté de ses deux parents.
Ce décor quelque peu différent de ce qu'Elisabeth avait eu l'habitude de connaître, lui profitait bien. Elle avait trouvé un semblant de paix et d'équilibre entre sa mère, l'école qu'elle aimait, et tout ceux qui gravitaient autour d'elle. L'enfant se plaisait bien dans cette atmosphère paisible du 57 rue du Faubourg Saint-Denis.
La petite Elisabeth n'avait pas perdu de vu son objectif de devenir écrivain. C'était une petite fille avec des idées bien arrêtées. Déjà, à son âge, elle savait ce qu'elle voulait et n'en démordait pas tant qu'elle n'avait pas obtenu ce qu'elle désirait au plus haut point: avoir son petit coin à elle en dehors de la loge de conciergerie dont sa maman avait la charge était, pour elle, indispensable à son développement psychologique et intellectuelle.
Elisabeth était également une petite fouine qui savait regarder autour d'elle et tirer partie de tout ce qu'elle pouvait récupérer à droite et à gauche: les magasins donnant directement de leur arrière boutique sur la cour intérieur ou se trouvait la loge de concierge, comprenant principalement l'immeuble dont sa mère avait la charge et, entre autre, le passage qui menait à la salle de boxe, la descente au fournil ou la petite se retrouvait souvent en train de regarder le boulanger faire son pain et les gâteaux dont elle se régalait lorsque celui-ci lui en donnait. Elisabeth avait même apprit sous la surveillance de ce bon gros boulanger, à faire les croissants au beurre qu'elle préférait aux croissants normaux. Elle avait aussi apprit à faire un glaçage pour les tartes aux pommes et autres tartes aux abricots, comme elle avait vu faire le boulanger confectionner des baguettes, des bâtards, des miches de pains de campagne, des flûtes, des ficelles parisiennes, et travailler son pétrin. Elle apprenait vite la petite Elisabeth et cela lui plaisait beaucoup!
La fillette observait tout: aussi bien au dehors pour les petits objets que le marchand de meuble pouvait vouloir jeter, qu'au dedans, quand le boulanger l'appelait pour lui montrer quelque chose de nouveau ou pour lui donner comme chaque dimanche, les gâteaux si généreusement offerts. Le quincaillier n'oubliait pas non plus d'appeler l'enfant pour lui donner des verres dépareillés, des assiettes avec une petite ébréchure pouvant encore faire l'affaire, qu'elle allait remettre à sa mère. Mais ce qui l'intéressait au plus haut point: c'était les gros catalogues de papiers peints du marchand de couleur. Par exemple, elle savait à quel moment elle pouvait aller feuilleter ces gros catalogues mit de côté pour la poubelles dès que les nouvelles collections arrivaient. Les couleurs et les motifs de ces beaux papiers peints qu'elle n'osait pas prendre bien qu'ils soient là pour être jetés, et bien ces gros catalogues d'échantillons la hantaient. Elisabeth les voulait pour améliorer le décor de son cagibi qui avait de vilains murs lézardés et sales. Il fallait qu'elle puisse les prendre avant qu'ils ne disparaissent! Elle connaissait les heures ou sa mère devait sortir ces fameuses poubelles. Tous les matins de bonne heure, sa maman accomplissait ce travail fastidieux; mais elle en avait prit l'habitude et tous les jours de la semaine à partir de 5 heure 30 du matin, sauf le dimanche, Elisabeth voyait sa mère se lever pour aller sortir les fameuses poubelles. Elisabeth ne voulait pas que les catalogues prennent le même chemin que les autres qu'elle avait vu disparaître périodiquement. Elle n'avait pas osé demander tous les précédents; mais elle se promettait de ne plus en laisser échapper un seul! Cette fois-ci, elle les voulait! Un jour pas comme les autres, elle s'enhardit et demanda au marchand de papiers peints si elle pouvait les emmener dans son cagibi puisqu'ils étaient destinés au ramassage des ordures
- « Pourquoi faire? Lui demanda celui-ci.
D'un air très assuré, elle lui répondis:
- « Pour décorer mon cagibi! Maman m'a donné l'autorisation de m'en servir comme bureau. Vous comprenez? Je veux y faire mes devoirs, lire, peindre, dessiner et, plus tard, devenir une poète-écrivain et il me faut un coin tranquille pour écrire!
- « Ah, Bon? Tu veux devenir écrivain ?A ton âge?
- « Mais y'a pas d'âge pour savoir ce qu'on veux faire! Lui rétorquât-elle très fièrement. - « Et Minou Drouet! Elle a neuf ans et elle a déjà publié des poèmes! Pourquoi pas moi? J'ai le même âge qu'elle!
- « Oui: tu as raison! Approuva le marchant de papier peint. Pourquoi pas toi? Et bien, à partir de maintenant, je t'autorise à prendre tous les catalogues dont je me débarrasserais pour tapisser ton petit coin. Fît-il avec un petit air amusé.
- « Oh! Merci! Merci beaucoup monsieur!
3 commentaires -
Par La plume de N. Ghis. le 20 Août 2016 à 14:08
Ce n'est pas le cagibi de l'histoire:
Il est juste là pour vous donner une idée de ce que peut être un cagibi
dans les anciens immeubles de Paris.
De plus les prénoms ont été changés pour les besoins de l'histoire.
Son cagibi sous les escaliers
Elisabeth s'empressa de rafler tous les catalogues qui se trouvaient être du côté de l'arrière boutique donnant sur la cour de la loge avant qu'ils ne soient destinés au ramassage des ordures. Ils étaient lourds et il y en avait cinq grands et gros: deux fois comme elle! Sans se démonter, la petite fille alla chercher sa maman pour l'aider à les charger sur le chariot qui, justement, servait à sortir les poubelles. Le chariot arriva jusqu'à son cagibi, non sans rouspétance de la part de Geneviève, car Elisabeth la dérangeait souvent dans son travail; mais elle n'en avait rien à faire et tout à sa satisfaction d'avoir osé demander ces gros catalogues au marchant de couleur, La petite choisis minutieusement les papiers peints en essayant d'en marier les couleurs le mieux possible. Encore prise à contribution par sa fille, Geneviève l'aida à faire de la colle avec de l'eau et de la farine pour encoller ses beaux papiers peints. Il y en avait des cloqués, des feutrés, des veloutés, des glacés, des mats, et les couleurs allaient du vieux rose au bleu nattier en passant par le mauve, le beige, vert clair avec des feuilles, des fonds rose pâle, jaune citron et toutes les couleurs de l'arc-en-ciel et chaque feuille faisait une cinquantaine de cm de côté. Avec un gros pinceau et un tablier pour limiter les dégâts sur ses vêtements, Elisabeth Radieuse, se mis à encoller d'abord un mur qu'elle commença à recouvrir de papiers peints bien choisit. A chaque pose de papiers, elle reculait pour voir l'effet produit. Ce patchwork était du plus bel effet! Elle mît plusieurs jours à faire un côté de mur et ne sortait de son cagibi que lorsqu'elle était satisfaite de son travail. Malgré ses rouspétances, Geneviève était souvent mît à contribution par Elisabeth qui n'arrivait pas à faire tout toute seule.
Quand elle eu fini ce coté de mur, satisfaite de son travail, elle commença d'encoller l'autre côté. Le plus dur était à venir puisque le plafond de son cagibi suivait la courbe des escaliers qui menaient aux palier puis, aux appartements des locataires. Cela commençait à prendre tournure et elle admirais son superbe travail. Oh! Il y avait bien quelques défauts comme des cloques et des vagues qui ne voulaient pas s'aplatir; mais dans l'ensemble, son travail lui plaisait. Il lui vînt soudain une idée. Et si elle demandait au marchant de meuble d'à côté s'il n'avait pas, par hasard, parmi ses reliques invendues, une vieille table pas trop grande pour faire son bureau et une chaise pour rendre à sa maman celle de la salle à manger de la loge? De ce pas, et sans laisser le temps à son idée de refroidir, elle alla voir Mr Bertier et lui demanda tout de go:
- « S'il vous plaît, monsieur! Est-ce que vous avez des vieux meubles abîmés que vous gardez dans votre réserve et qui ne vous servent à rien?
Le propriétaire du magasin de meubles lui répondit non sans être intrigué:
- « Oui, mon petit! Pourquoi?
- « Parce que j'aurais besoin d'une petite table et d'une chaise pour mon cagibi? Maman ne peut pas me l'acheter et elle m'a dit de me débrouiller pour trouver toutes les choses qui me manquent et dont j'ai besoin!
- « Ton cagibi? Fit le marchand de meuble tout étonné.
- « Oui! Mon cagibi! Vous voulez le visiter? Fit-elle d'un air très assuré.
- « Aller! Je veux bien et après, je regarderais mes vieilleries pour te trouver ce que tu me demandes.
- « Vous savez, fît la gamine: cette petite table, c'est pour en faire mon bureau. Si vous aviez dans la réserve un petit bureau qui reste invendu, et si vous pouviez me le donner, je serais très contente!
- « On regardera ça après. Répondit le brave homme.
Ce petit cagibi (quand je dis petit, c'est une façon de parler car le débarras en question n'était pas si exigu que ça!) Ce petit cagibi, disais-je, lui permettait d'y entreposer une table par trop grande et une chaise, une malle en osier, des étagères et quelque bricoles encore. C'était son coin et elle en avait fais un lieu sacré... Petit à petit, elle y entreposa, dans une jolie malle en osier: cadeau du marchant de meuble, toutes ses poupées, ses jouets auxquels elles tenait le plus. Sur son petit bureau trônait ses livres de contes, ses cahiers et portes plumes, et dans ses cahiers personnels, elle y écrivait ses idées, ses rêves d'enfant et ses secrets. Elle passait des heures entières à dessiner, à peindre, à écrire tout ce qui lui venait à l'esprit, Elle y faisait ses devoirs, apprenait ses leçons quand elle ne rêvassait pas sur son projet de devenir écrivain. Elle se plaisait à demeurer dans son sanctuaire: Elle s'y sentait tellement chez elle et puis, elle en était la propriétaire grâce à cette clef magique qui lui ouvrait les portes de son univers...
Un jour, elle entendis toquer à la porte de son cagibi.
- « Qui est-ce! Fit-elle étonnée.
- « Monsieur Bertier.
- « Attendez monsieur: je vais vous ouvrir. Répondit-elle en se levant pour aller lui ouvrir la porte qui se trouvait toujours fermée à clef lorsqu'elle se trouvait à l'intérieur de son sanctuaire. Jamais personne ne venait lui rendre visite à part sa maman? Son cœur battait à tout rompre en ouvrant la porte et qu'elle vît le marchand de meuble qui tenait une lampe de chevet dans une de ses mains.
- « Tiens. C'est pour toi. Lui dit-il.
Toute surprise, elle se mis à pleurer.
- « Mais qu'as-tu, petite?
- « Je ne peux pas la brancher: il n'y a pas de prise!
- « Ce n'est que ça? Ne pleure plus. Ce n'est pas grave! Je vais te la faire marcher moi, ta lampe!
Toute rassurée, Elisabeth lui sauta au cou et lui administra un gros baiser sonore sur sa joue rugueuse.
- « Et bien! Et bien! Tu m'étouffes petite fille! Ce soir, je n'ai pas le temps; mais demain, lorsque tu reviendras de l'école, tu auras ta lampe.
- « Oh! Que je suis contente! C'est vrai que la grosse lampe que maman m'a donné pour remplacer la vieille ne fait pas très beau! Il manque un abat jour! Je vais dire à maman que vous m'avez gâté. Merci monsieur.
- « Oh! Mais dis-moi! Tu as l’œil très sûr! Fît le marchand de meuble. Je vais tâcher de te trouver ça aussi. L'homme retint son émotion en la voyant si joyeuse et il parti d'un grand éclat de rire.
Et bien! Si ce n'y a que ça pour te rendre heureuse, chaque fois que je te trouverai quelque chose qui pourrait t'être utile, je te l'amènerais. Ça te vas comme ça?
- « Oh! Oui! S’exclama Elisabeth en sautant de joie et en tapant des mains.
Le marchand de meubles s'en retourna comme il était venu. Elisabeth referma sa porte à clef en prenant bien soin d'éteindre la lumière, et couru raconter à sa mère ce qu'il venait de lui arriver.
C'est un des souvenir le plus marquant dans sa jeune vie, car des moments tels que celui-ci ne furent pas si nombreux dans son jeune âge. C'est grâce à ce placard qu'elle s'est apprise à aimer lire et écrire pour le plaisir des mots... Pour le plaisir d'entendre, dans ma tête, la musique céleste qui les accompagnaient.
Fin de l'histoire
** Cet une histoire vécu: un passage de la vie d'Elisabeth qu'elle n'oubliera jamais puisque, aujourd'hui, je vous la raconte."
N. GHIS.
Texte revisité et complété le 19 août 2016
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L'histoire est longue:
Je l'ai relu plusieurs fois pour déceler les quelques fautes que j'aurai pus oublier. Si vous trouvez quelques fautes de frappe ou d'étourderie (coquilles), ne m'en tenez pas rigueur : les étourderies sont bien involontaires de ma part et le comité de lecture n'est pas venu me relire. (sourire)
Soyez indulgents pour les fautes oubliées ici et là. Merci à vous.
N. Ghis
Témoignage d'un lecteur qui a connu l'endroit que je décris.
Ci-après quelques précisions complémentaires.
"Je me souviens du tournage du film "L'air de Paris" en 1954, je faisais les courses avec ma mère.... La scène ou on voyait la boulangerie Coing (Coing Ballit dans l'annuaire) avait été tournée plusieurs fois, car les réalisateurs ne voulaient pas que l'on voit les boulangers qui apparaissaient derrière un genre de store en toile orangée. 56 minutes après le début du film on voit l'entrée du Central sporting club. A gauche , au 55, un magasin au rideau de fer baissé, au dessus duquel on lit : "...terie", Probablement papeterie, (papeterie mon panache dans l'annuaire). Papeterie sous entend fournitures scolaires et de bureau, mais peut-être des papiers peints ? A l'intérieur du 57 une cour, une enseigne: "Central Sporting Club" et une publicité peinte sur le local intérieur à gauche du central: "MEUBLES installation complète d'appartements " ÉBÉNISTERIE DÉCORATION ". Dans l'annuaire 1954 et 1964 au 69 rue du faubourg Saint Denis (à gauche de la boulangerie MATHIEU au 71) on lit : Zaringer maison meuble couleur. Probablement le Bazar à l'enseigne PARIS COLOR qui existait encore dans les années 1970 "...
Si vous saviez ce que ce témoignage m'a ému lorsque j'ai lu, grâce à ce monsieur que je ne connais pas du tout ! J'ai toujours les larmes aux yeux lorsque je relie ce témoignage qui me prouve que j'ai bien existé, que cette histoire ne sort pas de mon imaginaire ! Que j'ai réellement vécu ce que je décris dans cette nouvelle ! J'ai eu tellement de mal à me construire par la suite ! Tellement de mal à me persuader que je n'étais pas un fantôme qui n'avait pas de vie propre... Ce sont mes souvenirs d'enfance qui me servent de repaire et de photographie neuronale (mémoire ancienne). Ghislaine.
5 commentaires -
Par La plume de N. Ghis. le 21 Juillet 2016 à 17:49
La rencontre
J'étais secrétaire de direction et chaque soir, après une journée bien remplie au bureau, il me fallait encore prendre le train. Au sortir de la gare de Lyon, je me trouvais entraînée par le flot des gens qui, après leur travail, pressaient le pas, les uns pour attraper encore un bus et les autres, pour retrouver le nid douillet et chaud de leur domicile.
Ce soir là ne devait pas être comme les autres; mais je ne savais pas encore ce qui allait changer le court de mon existence tout à fait ordinaire et sécurisée...
Il est des fins de journées qui marquent et celle-ci devait en faire partie, sans aucun doute! Le mois de Janvier était très froid et je pressais moi aussi le pas afin de retrouver la douce chaleur de mon chez moi quand en tournant au coin de ma rue, je croisais un jeune homme à la chevelure brune et au regard d'un vert très clair qui vous pénètre jusqu'au tréfonds de votre être tellement la limpidité de ce regard est prenant. Le jeune homme était grand, les épaules carrées et pour tout vous dire, il avait un corps qui en disait long sur sa musculature. Je me suis sentie toute émue devant cette virilité que je devinais à peine sous son pardessus de loden beige."Je le connais ce jeune homme" me dis-je? Il habite trois pâtés de maisons plus loin que la mienne. Je balbutiais un "bonjour", n'attendant rien en retour. M'avait-il seulement entendu?...Quelques semaines après, au début de février, par un soir de hasard ou se mêlaient peut-être à ce jeu la destinée, juste au coin de ma rue, nous nous retrouvâmes encore une fois presque nez à nez. Je balbutiais comme les autres soirs un "bonjour" qu'il réitéra; mais ne sachant que nous dire d'autre, nous, nous croisâmes sans autre forme de politesse. Ces rencontres que l'on pouvait qualifier de fortuites, se répétèrent régulièrement jusqu'à la fin février jusqu'à ce qu'un beau jour, nous retrouvant dans les même situations auxquelles nous avions l'habitude de faire face, nous nous mîmes à rire. C'était vraiment trop drôle! De plus, j'étais gênée: très gênée. Il avait un rire franc ce qui ne l'empêcha pas de se perd en mots confus et pour couronner le tout, il me marcha sur les pieds. S'en suivit un petit: "Aïe!" de douleur que je laissais échapper. Surprit, il s'empressa de s'excuser encore une fois et profita de l'instant pour mieux m'apprivoiser, il me proposa un café que je n'osais refuser tant le jeune homme me plaisait. Mon orteil me faisait bien un peu souffrir; mais il fit tout pour m'aider à traverser la rue jusqu'au café de la place. Désolé par l'incident, il s'empressa auprès de moi et commanda deux cafés bien serrés. La barrière entre nous tomba tout naturellement et nous fîmes plus ample connaissance d'une bien étrange façon me sembla t-il.
Il ne me lâchait pas du regard et ses yeux plongés dans les miens, il souriait. Je me sentais attirées par lui. Mon cœur battait la chamade. Mon instinct de femme me disait que cette émotion était partagée. Nous n'étions plus que deux dans ce café. La sale et tous ses habitués s'était dérobée à nos yeux et le temps semblait s'être arrêté. Il fallait s'en aller car la nuit était tombée sans que nous nous en apercevions. Il est vrai que nous avions papoté un bon moment sans nous occuper de ce qui se passait autour de nous. Nous sortîmes du troquet et sans nous en rendre compte, nous nous retrouvâmes devant chez moi. Il me baisa la main et s'en alla sans plus de manière. Cette rencontre enfin concrétisée me disait d'être prudente. Sa façon de prendre congé m'avait quelque peu surprise.
Quelques jours plus tard, je le retrouvais sonnant à mon portail. À travers les voilages de mes portes fenêtre, je regardais étonnée la silhouette masculine qui se détachait très nettement derrière la grille envahit de lierre. Je me surpris à parler à haute voix:
- « C’est le jeune homme qui m'a marché sur les pieds?» Me dis-je. Mais qu'est-ce qu'il fait là? Est-ce qu'il s'amuse avec moi? Que me veut-il? Moi qui ne me faisais pas d'illusions sur cette rencontre et qui n'y croyais plus du tout! Et bien! Qu'elle surprise!»
J'entrouvris la porte d'entrée donnant sur l'allée qui conduisait au portillon de la propriété qui me séparait encore de lui. Je faillis défaillir en lui ouvrant. Je pensais: « Si ça continu, je vais me trouver mal! S'il devine mon malaise, que vais-je trouver comme excuse?» Il me pris à temps dans ses bras: la tête me tournait. J'avais si peur de tomber! Ses lèvres sur les miennes finirent de me faire défaillir. Un doux baiser se voulant rassurant m'invita à lui répondre. J'étais envoûtée, déroutée, décontenancée. Il hésita un instant et me dit d'une voix suave:
- « Je ne pouvais plus attendre. Il fallait que je vous revoie!»
N'osant trop y croire, je jouait les indifférentes quand il me prit la main. Je sentais sa chaleur m'envahir pourtant, je tremblais de froid et d'émoi. Il s'en aperçu et me conseilla d'aller m'habiller pour faire un bout de chemin avec lui. Je ressortie quelques instants plus tard et il était toujours là à m'attendre. Malgré m'être couverte pour un mois de mars pluvieux, je ne me sentais pas bien. Nous fîmes un bout de chemin sans parler, absorbés par nos pensées: les mots n'étaient pas utiles. Au bout d'une heure à peut près, nous, nous retrouvâmes de nouveau au portail de mon jardin. Nous dire «à bientôt» était, me semble t-il, au dessus de nos forces. Nos cœurs, chavirés par le courant qui passait entre nous, s'emballaient. Ma tête se retrouva contre sa poitrine. Je percevait les battements accélérés de son cœurs. C'était trop tôt! Je ne voulais pas de cette aventure ce soir pourtant, notre imagination nous emportait et nos corps désiraient aller plus loin.
N'osant plus faire un geste de peur de nous trahir l'un l'autre, nous nous dîmes «à demain». Il nous fallut résister à cette attirance: faire taire nos désirs pour ne pas succomber à cette folie que nous sentions prendre de l'ascendant sur notre volonté. Nous nous éloignâmes l'un de l'autre à regret. Il déposa un baiser sur ma joue rougit par la le désir que j'avais de lui et il s'en alla sans un mot, d'un pas lent et tranquille, comme si nous n'avions rien ressentit.
- « Il va se retourner»,me dis-je. «Je le sais! Je le sens!» Toujours plantée devant la grille de mon jardin, impatiente, j’espérais. Je pensais «Oh! Mon cœur va lâcher s'il se retourne et me fais signe de la main». C'est pourtant ce qu'il fît: son geste m'invitait à lui répondre. Ne pouvant faire autrement, j’obéis à son invite: j'étais sur un nuage. Je refermais la porte tout à ma rêverie. J'aurais quand même bien aimé qu'il ne s'en aille pas...Le dimanche suivant vers 15 heure, il se représenta au portail de mon jardin. Lorsque j'entendis la sonnette, mon cœur se mit à battre un peu plus vite me doutant que ce devait être lui. Je m'en assurais en écartant les rideaux de la porte fenêtre. Il m’aperçut et me fît un signe de la main. Je lui répondais de nouveau puis, je m'empressais de le rejoindre au portillon que j'ouvris brusquement, impatiente de me retrouver dans ses bras.
- « Nous allons marcher un peu.» Me dit-il. «Ça vous dit?»
J'acquiesçais de la tête. Aucun mot n'aurait pu sortir de ma bouche: j'étais comme pétrifiée, les pieds collés au sol. Il me pris encore la main me forçant à bouger une jambe et puis l'autre. Je me tordais les chevilles à chacun de mes pas et je n'osais avancer plus avant. Il me sourit et me fit d'un petit air moqueur:
- « Allons jeune fille! Je vous fais tant d'effet que vous n'arrivez plus à tenir sur vos jolies jambes?»Toute rouge de confusion et au bord de la crise de nerfs, je me redressait, lâchait sa main et fière comme un pan, je lui montrais que je savais encore marcher sans son aide. Il se mit à rire de bon cœur tandis que trois enjambée devant lui, je fulminais. Il eu vite fait de me rattraper et sans ma permission, il repris ma main. Ensuite, tout s'enchaîna comme dans un rêve. Nous passâmes l'après-midi ensembles, en commençant par visiter un musé: Les sculptures et toiles de maîtres étaient très belles! Les objets d'art magnifiques; mais nous étions ailleurs et nous n'entendions que le battement de nos cœurs. Nos doigts s'entremêlaient et puis se démêlaient. Nous, nous effleurions à peine sans rien dire; mais nous nous frôlions quand même... Il me parla à l'oreille, me chuchota des mots doux. Son sourire charmeur me déstabilisait. J'étais sous son charme ravageur, toute étonnée de cet amour naissant qui me donnait le vertige. Je fus surprise lorsqu'il m'attira à lui, toucha mes cheveux délicatement, prit mon visage entre ses mains et tout en pressant tendrement ses lèvres contre les miennes, il me dit dans un souffle:
- « Laissons faire le temps. Il est là, devant nous! Il est là pour que nous nous découvrions, que nous nous, apprécions, que nous nous apprivoisions et que nous nous aimions si ce que nous ressentons n'est pas un leur. Je ressens quelque chose de tendre à votre égard. Je croie que je vous aime déjà et vous, jolie demoiselle? M'aimez-vous? J'attendrais la réponse autant le temps qu'il faudra.»
Il n'eut pas besoin d'attendre longtemps: étrangement troublée, je lui murmurais:
- « Je ressens également la même chose que vous depuis le premier jour ou je vous ai croisé en sortant de la gare: Vous tourniez le coin de ma rue et il s'en est fallu de peu que l'on ne se percute!»
Il eu un autre sourire et ajouta:
- « J'étais bien conscient que cette rencontre ne devait pas s'arrêter ainsi, aussi banalement. Même si je ne fît pas grand cas de ce télescopage tout à fait involontaire. Je vous avait aussi remarqué bien que je n'en laissais rien paraître. Vous m'avez fais grande impression ce jour là et je comptais bien vous revoir. Je connaissais votre adresse pour passer chaque jour devant votre domicile. Cette grande maison est à vos parents?»
- « elle était à mes parents; mais ils ne sont plus. Je suis fille unique.»
- « Ah? Pardonnez mon indiscrétion. Je suis impardonnable! Je vous croyais encore chez vos parents et je me demandais s'ils voyaient un inconvénient à ce que l'on se fréquente.
- « Et bien, vous êtes tout excusé pour votre indiscrétion. Sachez que je ne veux pas brusquer les choses entre nous parce qu'il vaut mieux, même si notre attirance est forte, que nous prenions notre temps pour apprendre à mieux nous connaître et nous faire confiance. C'est important pour moi. Je ne veux pas me tromper même si j'ai envie de croire à notre histoire! Vous comprenez?»
Il me répondit:
— « Ne t’inquiète pas! Je suis patient et je ne veut pas te brusquer. Nous avons tout notre temps devant nous! Je ne suis pas homme à brûler les étapes concernant notre relation. Moi aussi je veux être sûr de ton sentiment envers moi. Nous avons l'avenir devant nous pour apprendre à nous connaître et nous aimer ».
Il me pressa plus tendrement contre lui et, pour la première fois, je me laissais aller sur son épaule sans autre arrière pensée que d'essayer de lui accorder ma confiance moi qui, d'ordinaire, n'était pas d'un abord facile. Il avait réussi à faire tomber en peu de temps les barrières que j'avais construites autour de moi pour protéger mon petit monde et mon petit bien être loin des tracasseries de l'amour.
N. Ghis
Texte écrit en 2005
9 commentaires -
Par La plume de N. Ghis. le 21 Juillet 2016 à 16:36
La Croisière
J'entends des « au revoir » qui fusent de part et d'autres de cet immense paquebot. Dans tout ce vacarme, je ne perçois plus les cris des oiseaux de mer qui tournent au dessus de nous pour récupérer ne serait-ce que quelques miettes de biscuits secs qui traîneraient sur le pont, piétinés par les croisiéristes insouciants, euphoriques et pressés de connaître leur suite pour certains, et pour d'autres: leur cabine moins luxueuses que pour les richissimes passagers des premières classes; mais confortable à souhait. Peut importait qu'ils soient de première ou de seconde classe! Le principale pour eux était de se trouver sur ce superbe paquebot en partance à destination des îles Bahamas pour une duré de quinze jours .
Il ne devait rester que les personnes en partance pour une croisière de bonheur et de rêve. Il était difficile de respecter l'heure de départ et
le bastingage était encore noyé de monde. Par centaines, des mains s’agitaient en tout sens, lançant des rubans et des confettis comme pour signifier leur joie à la pensée de l’heureux voyage qui allait commencer à partir du moment où le paquebot finirait par s’ébranler et s'éloigner doucement du bort des quais. Les remorqueurs étaient prêts à faire leur manœuvre n'attendant plus qu'un ordre du commandant du "Queen Élisabeth II" . Tout était en place pour aider l’énorme masse à s’éloigner du bord et prendre la direction de son périple à travers les possibles caprices de l'océan; mais je ne veux pas y penser tout à mon bonheur d'avoir, à l'issu de ce concours, été sélectionné.
A bâbord comme à tribord, les ponts promenade commencent enfin à se vider de leurs visiteurs et croisiéristes: il ne reste plus, sur le quai de départ, que quelques groupes d'attardés fascinés par ce grand, paquebot s'écartant lentement du bord du quai pour entamer sa manœuvre d'éloignement, ce qui n'intéressait guère de monde sur le transatlantique, chacun ayant prit connaissance de son numéro de cabine et de suite pour s'y rendre et prendre possession des lieux avec contentement... Après m'être attardé, moi aussi, quelque peu sur l'un des ponts promenade pour admirer la dextérité des remorqueurs à guider cet immense bâtiment flottant.Fatigué, je décide de faire comme tout les croisiéristes: Je vais aller prendre connaissance de mes appartements et m’installer confortablement dans ce qui sera ma cabine pour seize jours. J’ai gagné le prix principal de ce voyage et pour une fois que je suis en première classe, je tiens à en profiter. Ce prix tant convoité par nombre de participants mentionnait un ou une accompagnante autorisé. J’étais seul et cela ne me gênait guère. Que m’importait que je sois accompagné ou solitaire? J’avais gagné cette croisière et dans vingt quatre heures ce bateau n'aurait, pour moi, plus aucun secret.Pendant les trois mois qui précédèrent le jour «J» de cette fameuse croisière, ma vie fut un enfer: enfin! Façon de parler! Je comptais les semaines qui me séparaient de l’embarquement. J’achetais avec frénésie de nouveaux vêtements. Je me rhabillais de la tête au pieds, sans oublier d'acheter des baguages. Tout était neuf! Il m'était également venu à l'idée de faire l'acquisition d'un smoking pour les grandes occasions et jusqu'aux chaussures de cuir de marque italienne que j'avais fais mettre sous forme afin de ne pas souffrir des pieds pendant la croisière: ce qui aurait pour effet de me gâcher mon voyage.Je faisais et défaisais mes valises car il me semblait toujours avoir oublié quelque chose d'important.Tous les frais inhérents à ce voyage étant offerts, pour quelle raison est-ce que je m'en faisais à l’avance? J’avais tout prévu: les traveller's chèques, mes cartes de crédit de peur de manquer d'argent liquide pour une raison x ou y etc. Sans que je veuille me l'avouer, je partais pour vivre une aventure digne des plus belles histoires qu'un homme pouvait vivre sur un paquebot de légende et trouver la femme de ses rêves…
Enfin, nous voilà en route pour les Bahamas! Le paquebot glisse dans une toute relative sécurité sur cet océan, cause de tant de faits divers vous donnant froid dans le dos rien que d'y penser. Je refrène donc la moindre idée de naufrage ou d'un quelconque cataclysme qui pourrait survenir à l'improviste pour gâcher cette croisière qui s'annonce idyllique et pleine de promesses...
Tout en réfléchissant sur mon aventure à venir, mon instinct me disait (et je voulais y croire) que ce voyage allait se passer le mieux du monde. L'envie me prit de respirer profondément l'air du large, ce qui me fît du bien. Je me sentais euphorique, moi aussi, de vivre ce rêve tout éveillé.Le "Queen Elizabeth II" a prit le large depuis plus de deux heures. Il fait nuit depuis une bonne demi-heure et sous un ciel magnifiquement étoilé, je reste là, plongé dans mes pensées, à profiter de l'air marin qui emplit mes poumons d’iode. A la proue, appuyé sur le bastingage, face à l'immensité de l'océan, sous l'étrave du paquebot, je me surprends à imaginer, les profondeurs abyssales que constitue cette vaste étendue d'eau salée, ces abîmes mystérieux et inhospitaliers qui vous font froid dans le dos lorsque l‘on prend le temps de se représenter ces insondables fonds marins.
Je suis tiré de mes pensées par un saxo qui se plaint. De la salle de réception, la musique me parvient. Ces dames doivent être belles ce soir? Je les imagine, évoluant sur des rythmes langoureux ou endiablés, se laissant griser par la musique au fur et à mesure que la soirée avance. Cette ambiance de fête, sans doute, régnera je le suppose jusqu'au petit matin. Je n’ai pas encore sommeil. Je veux profiter de tous ces instants qui me sont offerts. Et si j’allais faire un tour dans la sale des festivités? En plus, les odeurs de cuisine qui me parviennent, flattent mon appétit. Et puis, qui peut savoir? Peut-être aurais-je le bonheur d’y faire une heureuse rencontre?…
A mon entée, le dîner dansant bat son plein. J’aperçois à une table une jeune femme blonde, très jolie qui a l’air de s’ennuyer. Est-elle seule?
Semblant perdue dans ses pensées, elle ne s'aperçoit pas que je m’approche d’elle pour l’inviter à danser. Les musiciens jouent un slow et c’est là toutes mes connaissances en matière de danse. Elle lève deux beaux yeux verts dans ma direction, hésite un instant avant de répondre à mon invitation puis elle se lève avec grâce me tendant sa main. Ce n’est pas que je cherche à tout prix quelques jolies jeunes femmes pour meubler ma solitude; mais la croisière serait quand même plus agréable si j’avais une compagne pour le temps du voyage: unir deux solitudes, ce n'est quand même pas si mal!...
La première soirée fut délicieuse. Morgane: C'est son prénom, et moi, nous ne nous sommes pas quittés de toute la nuit. Au petit matin, à l’instant où l'aurore commence à vouloir pointez son nez et que la nuit s’éclaircit, accoudés au bastingage, nous croisons quelques attardés ivres de bons vins, de danse et de sommeil. Ils vont vraisemblablement aller se coucher, à moins qu'ils ne fassent comme nous et traînent encore un peu sous les étoiles. Je regardais ma montre qui marquait quatre heures du matin. Morgane et moi décidâmes d'être un peu raisonnables afin d'être en forme pour la journée qui allait suivre cette première nuit féerique. Je la raccompagnais à sa porte de cabine qui portait le numéro 77. Je lui fît remarquer que ma suite portait le numéro 177. Elle sourit et nous nous dîmes bonsoir à regret. On aurait dit deux timides jeunes gens (ce que nous étions en fin de compte) plantés là, devant sa porte, comme hypnotisés par le regard de l’autre. J’avais envie de forcer un peu sa retenue. Je me risquait, quitte à me prendre une gifle, à lui donner un léger baiser sur ses lèvres closes. Elle ne fit pas le geste tant redouté; mais me fît comprendre qu’elle n’était pas loin de tomber littéralement de sommeil et que l’on avait tout le temps de faire plus ample connaissance après un repos raisonnable, bien mérité, et réparateur.
(Nous connaître mieux tout en prenant son temps serait plus agréable que de précipiter les choses), pensais-je. En gentleman, je n’insistais pas et à mon tour je décidais d’aller me coucher bien sagement; mais à regret, quand même...Le calme régnait dans les couloirs. Mes pas que je voulais feutrés glissaient sur la moquette qui me conduisait non pas à ma cabine; mais à ma suite: une suite magnifiquement agencée ou tout était parfait. Je trouvais ma suite princière à mon goût. De plus, elle portait la même fin de numéro que la cabine de Morgane. C'était inespéré! Était-ce un présage? Ça m’intriguait. Malgré mon envie de m’enfoncer dans un sommeil bienfaisant, les terminaisons de nos numéros de cabines dansaient devant mes yeux et ne me laissaient aucun répit. Je dû mettre un bon quart d'heure, peut-être plus, avant que mes paupières ne décident de se fermer sur cette question lancinante: pourquoi nos deux cabines se terminaient-elles par 77. Était-ce un signe du destin?...
Tout semblait plongé dans un irréel endormissement salutaire pour les fêtards dont nous avions fait partie le temps d'une soirée sur ce magnifique paquebot. Pendant que la nuit s’étalait dans toute sa splendeur et que la voix lactée illuminait le ciel éclairant ainsi la nappe d'huile océane d'un noir profond, le paquebot continuait de tracer sa route emportant avec lui mon doux rêves d'amour et la croisière endormit...
Je me levais tard dans la matinée. Je m'appliquais à choisir une tenue adéquate pour la circonstance tout en me me remémorant la soirée de la veille. Il n’était pas loin de midi quant enfin, frais et dispos, j’entrepris de retrouver ma belle inconnue. Elle était là, toujours seule, en maillot de bain, sirotant un grand verre d’orangeade avec de la glace pilée et une paille. Je m’approchais ne sachant quelle attitude adopter. Elle fît s’envoler mon embarras en me faisant un signe de la main que je m’empressais de prendre pour une invitation. La chaise longue à côté de la sienne étant inoccupée, J’en pris possession. Très aimablement, elle me posa une question:
- « Bonjour Cher ami! Avez-vous petit déjeuné? Gêné, je répondis que m'étant levé trop tard, j'avais loupé ce «petit déjeuné» qui avait dû être à la hauteur de ses espérances et qu'elle ne devait pas se préoccuper de ma personne, que je ne déjeunais pas le matin: - « Je prends juste un grand jus de fruit comme vous et un café bien serré. D’ailleurs, je vois le garçon qui passe autour des baigneurs. Je vais lui faire signe: - « S’il vous plaît! Pouvez-vous m’apporter un café bien fort et un jus de fruit comme mademoiselle? Fis-je en lui désignant le grand verre d’orangeade que Morgane sirotait avec délice et qu'elle n’avait pas encore terminé. Tout en discutant de tout et de rien, nous entreprîmes de nous connaître mieux puis, vers 13 heures, nous nous dirigeâmes vers l’immense et somptueuse salle à manger. Nous choisîmes une table à deux couverts disposée un peu à l’écart. Un rideau de verdure nous isolait des regards indiscrets. Nous voulions être tranquilles pour bavarder de tout et de rien. Le décor rouge profond des tentures parfaitement en accord avec les nappes de même couleur, protégées elles-mêmes par des sur- nappes blanches damassées, une vaisselle de fine porcelaine également blanche agrémentée d’un liseré d’or, des verres de cristal ciselés ainsi que des couverts en argent massif, finissaient de donner une touche royale à cet endroit prestigieux. Il n'y avait rien à redire: La salle à mangée était splendide comme les cabines et toutes les dépendances, d’ailleurs. La réputation de ce paquebot correspondait bien à l'idée que je m'en était fait lors d'un reportage à la télévision. Nous goûtâmes à tous les mets rares que l’on nous présenta. Le déjeuner se déroula comme dans un rêve et je sentais confusément que nous, nous plaisions. J’osais poser ma main sur celle de Morgane qui, malgré une légère crispation, hésita une fraction de secondes, mais ne la retira pas. Le vin et l'ambiance aidant, Morgane s’était un peu libérée de sa réserve et m'apprit qu'elle aussi se trouvait là parce qu’elle avait gagné un prix sur ce même transatlantique qui m'avait amené ici pour une une croisière aux Bahamas. Cela lui importait peu au départ d'être seule; mais la croisière l’intéressait, sachant qu’elle ne pourrait jamais se payer cette folie. Lorsqu'elle s'était rendu compte du confort des deuxièmes classes! Elle s'était dis que sut été vraiment dommage si elle avait refuser un tel prix! Comme moi, elle ne connaissait personne pour l’accompagner; mais elle avait besoin de se changer les idées et puis, il ne faut jamais laisser passer une si belle occasion qu'un voyage comme celui-ci pouvait lui offrir! Qui sait si, dans toute une vie, une telle opportunité pourrait se reproduire? C'était une aubaine à ne pas laisser passer.Nous restâmes tout l’après-midi ensembles. Je lui confiais la raison pour laquelle, moi aussi, j’étais non accompagné. Nous rimes des points communs de nos aventures respectives. Ce n’était pas tous les jours que l’on pouvait gagner une croisière de quinze jours aux Bahamas! Le courant passait très bien entre nous et nous nous primes à nous tutoyer. Je la sentait très détendue et je l’étais aussi. Aux alentours de 17 heures, je proposais à Morgane de venir dans ma cabine en tout bien, tout honneur, partager une fraîche coupe de champagne millésimée. Celle-ci, sur ma commande, baignait dans son seau de glace pilée, accompagné d’une collation offerte par la croisière: le tout disposé sur un plateau d’argent. Des vases garnis de fleurs disséminés un peu partout dans ma suite embaumaient. Ce paquebot avait pour moi des égards dignes d'un prince, me dis-je. Je me réjouis à l'idée que cette croisière qui n’en était encore qu’à ces premières vingt quatre heures), se prolongea encore quinze jours. C'était le temps qu'il me fallait pour apprivoiser tout à fait Morgane. Était-ce elle qui m’était destiné? La jeune femme que j’attendais?…
Ces deux semaines de félicité ont défilés comme dans un songe. Le voyage va se terminer par un somptueux dîner dansant; mais cette fois, c'est un bal costumé qui va clôturer la croisière. Que de beaux souvenirs nous emportons dans nos bagages de retour! Un véritable voyage de noce sans les noces en quelques sortes...
Le paquebot est sur le chemin du retour. Il a reprit sa route pour amarrer de nouveau à son port d’attache. Je suis triste car mon amour de vacances va prendre fin lui aussi à la descente de ce magnifique navire. Je n'ose demander à Morgane si nous allons nous revoir. Va t-elle emporter avec elle mon rêve? Nous avons évolué tous deux, comblé de bonheur, comme dans un conte de fée. Nous avons profité pleinement des plages de sable fin, des splendides paysages enchantés à jamais gravés dans nos mémoires que je ne regretterais jamais d'avoir vu en compagnie de Morgane qui su rendre à elle seule cette aventure romanesque et inoubliable. Ne voulant rien perdre de ce qui constituait nos derniers ébats, nos derniers échanges sur ce navire magnifique, nous les passâmes dans ma suite à nous aimer éperdument. A présent, il est temps de nous réveiller et de retourner à la réalité. Dans quelques instants, il ne restera plus de nous que des souvenirs...
Le "Queen" est à quai. Les passagers empruntent les passerelles pour en descendre. Nous en faisons autant. La fin d'après-midi est superbe! Le cri des mouettes m’agace. Tout m'agace et ce monde qui s’interpelle m'est indifférent! Quel vacarme! Je n’en peux plus! Nous allons essayer de nous dire adieu dignement. La séparation après ces seize jours de doux rapprochements consentants, est très dure! La cabine de Morgane, sauf la première nuit, est restée inoccupée pendant toute la croisière. Nos baisers échangés, nos serments, nos journées et nos nuits ne furent qu'à nous...
Débordant d'amour intériorisé, Je prends Morgane dans mes bras pour un adieu qui se veut léger et désinvolte. Nous sommes amis, amoureux: du moins, pour ma part et je n'en doute pas. Nous comptons bien nous revoir; mais j’ai mal, si mal! Souffre t-elle autant que moi de cette séparation?
Mes yeux fouillent les siens embués de larmes; mais elle ne dit rien, n’esquisse aucun geste pour me retenir. Je ne veux pas qu’elle sache ma peine et mon attachement pour elle. Un instant nos vies se sont croisées dans le bonheur et la félicité. Cet amour naissant a prit de l’importance tout au long de ce voyage et nous voilà sur le quai des «au revoir», pas du tout comme au départ de la croisière. Une dernière étreinte et nous, nous séparons sans nous retourner. C'est trop dur! Sur le quai, un dernier signe de la mains avant de me retourner marque le mot fin à notre histoire. Je marche sans but apparent, comme absent de ma propre vie. Je presse le pas pour héler un taxi; mais pas un seul n’est libre! Mes nerfs sont à rude épreuve quand une main se glisse dans la mienne. Elle m'a suivit. Elle est là, devant moi, souriante. l’amour la transfigure. Je l’attire à moi et prend ses lèvres sans lui en demander la permission. Elle réponds à mon baiser et sa voix, comme dans un rêve, me murmure à l’oreille ces mots troublants que je n’attendais pas:
- « Je t’aime mon amour! Je ne peux vivre sans toi! Je ne veux plus te quitter! Je t’en supplie! Garde-moi auprès de toi!L'enchantement était à son comble. Comme dans un rêve tout éveillé, je lui murmurais des mots tendres et nos baisers scellèrent notre fougue et nos serments:
- « Ô! Tu ne peux savoir quel bonheur est le mien en cet instant? Je ne voulais pas croire à la fin de notre idylle et je m'en allais le cœur brisé de te laisser sachant que, sans doute, nous ne nous reverrions peut-être jamais; mais maintenant que tu es là, que tu es venu vers moi, acceptes-tu de m’épouser? Dis-moi que tu le veux toi aussi?Le «oui» qu’elle prononça me fit comprendre que ma triste réalité d'homme seul s’en était allée discrètement, sur la pointe des pieds, pour laisser la place à un avenir radieux qui était, en un instant, devenu notre réalité pleine de joie et d’espérance en la vie.
N. GHIS.
Texte écrit en 2003.
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Par La plume de N. Ghis. le 20 Juillet 2016 à 18:35
Les Cygnes
Souvent je viens m'asseoir près de la pièce d'eau, sur le banc vermoulu que le temps fait vieillir et je peux, sans curieux, méditer à loisir, m'imprégner de beauté et jouer du flûteau. Sans bruit il apparaît, glissant sur l'eau tranquille, chassant l'onde de ses larges palmes. Le duvet de ses flancs, comme la neige scintille. Quelle divine majesté! Quelle assurance calme! C'est un ravissement pour l'âme et pour les yeux que de voir sur l'étang cet oiseau merveilleux avancer, ailes au vent, ainsi qu'un lent navire, pour offrir la blancheur de ses plumes au zéphyr. Suivit de sa compagne, tous deux inséparables, ils dressent leur long cou au dessus des roseaux, le plongent et le promènent allongé sous les eaux, comme pour y filtrer tout ce qui est mangeable. Nageant d'une traînante et languissante allure vers la berge ou les arbres abaissent leurs ramures, ils vont rechercher l'ombre que donnent les grands saules qui, de leur chevelure, caressent leurs épaules. A l'heure où toute chose prend une teinte sombre, à l'heure où l'horizon devient un long trait rouge, alors que pas un jonc, pas une herbe ne bouge, le cygne, comme à regret, ressort de la pénombre.
D'autres cygnes sont venu croyant l'escale heureuse. Découvrant les intrus, notre cygne coléreux, pour défendre sa belle est tout prés à l'attaque et nage en se pressant vers le milieu du lac. Il allonge sont col à l'étang parallèle, furieux prend son élan toutes plumes dehors, de la surface bleue il décolle son corps et fonce bec ouvert en déployant ses ailes. Son agressivité fait fuir les arrivants.
L'oiseau reprend alors sa royale assurance: il est cygne et de lui dépend sa descendance! A sa compagne il doit un endroit rassurant car, de son territoire, il est maître toujours. C'est de cette façon qu'il prouve son amour et sa belle, confiante, le suit aveuglément, quelque soit les embûches et les rigueurs du temps.
Dans l'humide tiédeur, telle une orchidée noire, la nuit, sauvage et belle, exhale son parfum de vanille et de miel. Je ne peux que humer cette enivrante odeur qui fait que ma paresse prend largement son temps pour jouir de ce calme aux portes du néant.
C'est là tout mon désir et mon contentement: profiter du moment avant un cour exile pour demain revenir et jouer de la flûte, tout en ayant conscience que ces instants fragiles que Nature nous offre sont bien plus d'éphémères. C'en est un vrai crève cœur!...
J'ai passé le plus clair de mon temps à flâner, à regarder les cygnes se suivre et se séduire jusqu'à la nuit tombée. Je suis émerveillée par tant de grâce, de force et de beauté suprême que ces oiseaux dégagent! Que Dame Nature est belle! Mais il me faut rentrer. Je dois presser le pas; mais le presser sans hâte, ne distinguant plus rien que leur plumage mat sur le velours de l'eau enchâssant des diamants. Je suis comme subjuguée par ce spectacle rare de pouvoir contempler ces fantômes de plumes, endormis, palmes dans l'onde où sous eux se reflète la clarté de la lune "lactant" leur silhouette, dormant tête sous l'aile, entre deux océans.
La Rose De Janvier 2016
1 commentaire -
Par La plume de N. Ghis. le 18 Juillet 2016 à 19:14
Je comprends et je sais ce qu'endurent beaucoup de femmes qui ne sont pas heureuses dans la vie qu'elles ont choisit de vivre... C'est pour cette raison que j'ai écris ce texte.
Parce qu'elle ne peut pas toujours deviner de ce que sera sa vie
et ou son destin peu l'entraîner si elle ne prends pas ses précautions
Quand aux choix qu'elle privilégiera dans chaque direction choisie,
Une femme, en tout premier une jeune fille, peux ne pas écouter
ce que sa raison lui dicte, et les conséquences de ses actes
sont toujours à la hauteur de ses erreurs, si non pires.
Parce que trop confiante en son jugement,
c'est presque toujours par amour qu'elle fera un mauvais pas.
Sa souffrance sera alors dévastatrice.
La vie est la seule école ou l'on ne peut jamais revoir sa copie
et c'est dans la désespérance qu'elle lâchera prise
ou bien qu'elle aura la force de luter
pour continuer d'avancer sur le chemin de sa vie...
Hurlements intérieurs
Le dégoût s'est ajouté à la routine de sa vie. Elle est écœurée de l'existence qu'elle mène ! Elle est malade de se dessécher ! Malade de végéter depuis tant d'années ! Elle est comme une plante qui manque d'air! Une plante qui manque d'eau ! Une plante que l'on délaisse...
Elle en ai assez d'être là pour les autres quand il n'y a personne pour elle ! Elle en a assez de faire semblant d'être heureuse ! De toujours faire semblant de quelque chose ! De dire que tout va bien alors que rien ne va ! D'afficher un sourire quand elle a envie de pleurer ! D'être constamment en représentation pour la galerie ! Eux vont bien ! Ils sont bien ! Ils ne s'occupent que de leur petite personne ! Ne se soucient que de leur bien être ! Ils ne voient rien parce qu'ils ne veulent pas voir ! C'est dérangeant de s'apercevoir ce que vos proches se refusent à voir ! ( Peu importe sa tristesse, sa détresse ! Il lui faut rester à sa place ! Ne surtout pas en bouger ! Ne rien montrer ! Ne pas déranger ! Ne pas les déstabiliser dans leur Petit bonheur sécurisant, étriqué, le plus souvent, factice ! Elle est dans un équilibre précaire d'une vie sans équilibre. Elle est le pilier de la maison : si le pilier bouge, toute la maison S'écroule! Elle es, bien malgré elle, le pilier de cette maison... fatiguée de sa fuite en avant. Fatiguée de donner le change ! De mentir pour éviter les questions...
Elle a froid dans son corps. Elle a froid dans son cœur. Elle a froid dans sa vie, froid dans ses envies d'ailleurs...
Ses désirs sont de glace. Elle vivote. Elle s'étiole. Elle est prisonnière d'une vie dont elle ne veut plus. Qui ne la comble pas et qui ne la veut plus non plus ! Elle souffre. Elle est triste. Elle dépérit. Elle s'enivre de mots qui la soûlent, mais dont elle a besoin pour continuer sa route ! Ses yeux ont le vague à l'âme. Son âme est dans le vague ! Et vogue la galère supportant ses peines sur les vagues de ses désillusion...
Elle n'a plus envie d'avoir envie. Plus rien ne l'intéresse. Elle est vide de tous sentiments de bien être. Elle s'illusionne pour aller mieux; mais tout l’insupporte ! Elle supporte...
Elle se raisonne: « il y a pire que moi ! » Elle déraisonne et elle s'assomme de tranquillisants éclats de rire qui sonnent faux. Qui sonnent le glas de sa joie de vivre. Elle se cache pour laisser rouler ses larmes sur son visage, et qui ne sont qu'un semblant de soulagement. Elle abandonne la lutte, puis elle reprends la lutte : elle y est obligée ! Elle n'a pas le choix ! Elle a l'obligation d'une vie sans attraits faisant partie du lot quotidien de nombreuses existences ! De ses tempêtes et de ses peurs incertaines. De ses peurs de femmes seules entourées ; mais seule dans le secret de son jardin secret où fleurissent et fanent les fleurs de ses pensées désenchantées...
Se libérer... Être libérée des chaînes invisibles qui entravent mon besoin de liberté ! De vivre autrement...
Prisonnière de sa propre existence. Elle est une prisonnière non volontaire de sa propre existence... Ah! S'évader de cette cage dorée ! S'évader de ce donjon où ses pas martèlent le sol dans un vide absolu qui n'est que l'écho d'une prison dans sa propre maison. Ou est la solution ?
Elle a mal. Elle a très mal ! Elle a si mal ! C'est mal ! C'est mal d'avoir envie de vivre autre chose que la routine d'une vie qui ne fait que passer... Des hurlements s'étranglent dans sa gorge. Ce ne sont que mes hurlements silencieux. Des hurlements intérieurs...
Un cauchemar ? " Ça n'est pas possible ! Je vais me réveiller ? Il faut que je me réveille ! » se dit-elle. Et recommence la journée. Dans son déroulement, l'interminable et banale journée : une de ces journées inintéressante, prévisible et sans attrait qui lui permettra l'attente de la nuit pour atteindre un sommeil désiré, telle une petite mort où elle s'enfoncera dans des rêves qui ne lui apporteront qu'un semblant de bien être et de liberté. La clef de ses songes lui appartiennent ! Là, pas de prison virtuelle. Son esprit s'envole et quitte son corps qui se repose pour pouvoir affronter la routine du prochain jour qui se lèvera bien assez tôt : pareil aux autres jours, précédant immanquablement toutes les autres journées vides de sens ou elle évolue telle un zombi dans cette prison qu'elle s'est construite elle-même, pensant que c'était là le chemin qu'elle devais prendre...
Il est certain que lorsque le vin est tirer, il faut le boire ! Pas moyen de faire différemment ! Beaucoup doivent affronter le vide de leur vie dont ils ne voulaient surtout pas ! Elle ne fais pas exception à la règle ! Elle se dois d'assumer les erreurs de ses choix et se taire ; mais les hurlements intérieurs de son âme continuent leur vacarme assourdissant, martelant avec insistance, l'idée d'une liberté dont elle ne peux jouir par scrupules, par peur de faire mal, par peur de faire souffrir et de se tromper encore...
N. Ghis.
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